En paix dans le Subte de Buenos Aires


 

19H30. Le Subte (métro) de La Capital ne compte plus que quelques voyageurs en costume cravate, le reste est un patchwork de tous types, tous âges. Plus trop de monde donc, et la majorité ont trouvé place, adossés aux fenêtres.

Perdu dans mes pensées mon regard est attiré par un chewing gum au sol, que des dizaines de semelles ont parfaitement façonné en forme de cœur. J’aime ces petits clins d’œil de la nature ou du hasard et souris intérieurement.

Comme souvent à l’heure moderne, les usagers tuent le temps avec leurs téléphones mobiles. Il ne fait pas froid alors en l’absence de conditionnement d’air dans les wagons, on baisse les vitres.

Soudain, j’entends un « bam », lève les yeux, croise assise en face ceux d’une jeune fille loin d’être majeure et aperçois 2 jeunes courir à même vitesse que la rame sur le quai. Je crois comprendre soudain: ni moi, ni personne n’avons vu venir le bras tendu d’un voleur passé par la fenêtre baissée tenter de s’emparer du BlackBerry de ma voisine d’en face. Le bruit était celui de l’homme se jetant sur le wagon. Comme d’habitude dans ces cas là, les secondes se compriment et on ne réalise qu’après… le temps une fois de plus est quelque chose de tout à fait relatif.

Comme le train reprenait de la vitesse dans le long tunnel noir, nous nous sommes regardés un instant, elle a souris et tout simplement, à voix presque basse, a dit: « j’ai eu de la chance » puis a continué son message. Ce n’était pas de la résignation, juste qu’elle a continué à vivre sa vie.

5min plus tard, dans les couloirs de la station, je vis une grand-mère sortir de son sac un plat préparé pour le tendre à un mendiant et sur le chemin du retour, une quinquagénaire serrait dans ses bras sa maman en chaise roulante, sur le trottoir de la rue.

Je crois que c’était Linkin Park que j’avais dans les oreilles ce soir, mais rien n’aurait pu entamer ces petites secondes de grâce qu’on appelle la paix et qui viennent du fond de soi à moins que ce ne soit de plus loin encore.

Ce n’est pas ce que je recherche, la paix, non, mais ce sont de beaux cadeaux de la vie, vous ne croyez pas?



Posted on 17th juillet, by Sebas in Cycling South America
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