Jakarta ou l’envers du decor


Jakarta ou l’envers du décor…

 

Comment une île à la nature si intense a-t-elle pu se laisser enfanter d’un monstre urbain comme Jakarta ?

Qu’une ville laisse mourir quelques trésors parce que datant du temps des colonies, je peux comprendre mais que la seule trace d’humanité, n’en soit plus que les êtres qui la forment, il y a là comme une autre forme de colonisation…

A Jakarta, il n’y a plus de trottoirs, soit parce que les avenues n’en sont pas pourvues, soit parce que la rue est à ce point embouteillées qu’il ne reste que cet échappatoire aux 2 roues, et c’est en file indienne, collés aux façades des bâtiments, que les quelques badauds tentent de se frayer un chemin.

Je ne voulais pas le croire, il n’a fallu que 10 minutes de marche pour sentir ma gorge se manifester et mes yeux se faire sentir…

Dans une ville où même l’eau des canaux est morte de n’être pas oxygénée, et où seules les poubelles sont éclatantes de couleur, il faut le vouloir pour apercevoir un voile de ciel…

De plus en plus de voix s’élèvent contre le manque de pétrole à venir, d’autres esprits penseurs regardent l’eau comme la future denrée rare… et si c’était l’air, source première de vie qui venait à manquer ? Jésus est mort d’asphyxie sur la croix… pour rappel.

Comble d’ironie, je me trouvais ce matin sur une place où une troupe de jeunes punks se marginalisait encore un peu plus en se teignant les cheveux à l’eau oxygénée…

Lors d’une interview voici quelques années, un recruteur, comme d’habitude avide de questions pièges sans vrais rapports avec la fonction briguée me posa la question suivante : « que traitez-vous en premier, l’urgent ou important ?». Et quand on n’a plus le choix, on fait quoi ?

Enfant, je regardais les Ferraris avec envie, instrument de puissance et de réussite par excellence… Sur un parking d’une ville où la réussite semble devoir s’afficher peut-être plus qu’ailleurs, ou est-ce par ce qu’elle a de marginal je ne vois plus que la preuve que ce n’est pas seulement l’instruction ou l’enseignement qui peut sortir un homme d’un univers désoxygéné…

Je regarde par la fenêtre du bus qui me tranporte d’un point de la ville à l’autre, dans l’ambiance privilégiée d’un air conditionné…dehors une maman avec son bébé sont allongés à même la bouche d’aération, un comble quand on est à la hauteur des gaz d’échappements… Je n’ose imaginer les poumons du gamin… Quand les nouveaux parents de nos pays se posent la question  de savoir quel futur pour nos enfants, c’est un privilège qui se déguise sous cette phrase… Tandis que les bus continuait son chemin, mon for intérieur posait lui cette question : « Et pour lui, quel présent ? »



Posted on 17th juin, by Sebas in Backpacking SE Asia


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