Sumatra ou Java, l’essence des sens


Sumatra ou Java, l’essence des sens…

Je n’avais pas prévu de faire escale en Indonésie, mais tout comme le professeur apparaît quand l’étudiant est prêt, les opportunités se présentent quand on est appelé à les saisir…

Java la sauvage et Sumatra la géante m’ont réappris ce que Nature signifiait…

Petit partage d’oxygène donc :

Cela a commencé par la découverte d’une jungle à Bukit Lawang, où quand bien même les orangs-outangs, sont domestiqués au point de venir prendre leur casse-croûte dans le creux de vos mains, n’empêche que c’est dans leur univers que vous marchez, et que l’accès à ce même univers est garanti uniquement sous la vigilance d’un guide sous risque de se perdre…Une simple feuille de papier sur le bureau de la réception pour vous énumérer la liste de ceux qui ont tenté l’expérience en solitaire, et qui n’en sont pas revenus ou qui ont été retrouvés 3 semaines après… Gloups, bon il arrive ce guide oui ou non ?

Il y a ensuite cette escapade au sommet du volcan Sybayak dont les vapeurs de souffre, à l’odeur caractéristique d’œufs avariés vous liquéfie en même temps que vous rendent inabordable pour le reste de la journée…même les moustiques ne veulent plus de vous…

Il y a le Lac Toba, dont je ne pourrai jamais oublié l’énergie bienfaitrice de la Terre. L’Indonésie regorge d’histoire d’esprits et d’ancêtres. Mon lieu de retraite était un cimetière de quelques tombes. Tout autour, une véritable cascade de collines vertes, une canopée comme des nuages, si dense qu’on croirait à un matelas. C’est sans aucun doute et de loin, l’endroit que mon cœur, mon corps et mon esprit ont préféré depuis le début…

Je ne sais toujours  pas où passer le reste de mes jours, mais je sais où m’installer pour l’éternité.

Il y a la multitude des cieux d’Indonésie, noirs parfois, chargés de nuages aux volumes tellement imposants que les Gaulois en aurait cru que le ciel leur tombait sur la tête.

Il y a ces tempêtes d’orages aussi intenses que brutales, dont je ne sais toujours pas si ce sont les lacérations électriques du ciel ou le grondement surnaturel du tonnerre qui fait craindre la fin du monde.

Assis au bord d’un lac sans lumières parasites aux alentours et voir s’étaler une telle puissance, c’est se sentir simplement être par le fait paradoxal de réaliser que l’on est rien face à cela…

Il y ces traces du tsunami que le temps et l’absence de moyens n’ont réussi à faire disparaître comme ailleurs, et qui rendent compte de la terrifiante épée de Damoclès que représente une vie entourée d’un océan qui, il y  a  6 ans de cela, s’est élevé par-dessus le toit des maisons…

Il y a ces mûrs martyrisés, seuls rescapés de ce que paraissait être une église, un hôtel ou une maison d’habitation attendant d’être abattus parce que l’immeuble qu’il supportait s’est effondré lorsque la terre a tremblé en 2009.

Dans un autre registre, mais qui tout autant m’a inspiré, il y a cette première expérience du vol en parapente.

Rien ne sert de courir (enfin si un peu quand même), il faut attendre son vent.

Il faut lire les nuages et décrypter leur cycle, suivre les rayons du soleil, étudier le terrain, scruter l’horizon, observer les oiseaux, chercher les ombres et les couleurs…

Le vol, ce ne sont que sensations pures, au propre comme au figuré, rien de vraiment violent, mais constamment puissant. Le souffle du vent qui presse sur la peau comme une main géante, le murmure constant d’Eole qui vous enveloppe, le vide partout autour, c’est une communion avec ce qui nous entoure.

Il y a enfin la découverte du surf, où tout commence et s’arrête selon le bon vouloir de l ‘océan. Lire les vagues est la clé… Une vague qui casse devant vous et instantanément vous devenez spectateur de vos 10 secondes de vie suivantes.

Quand elle s’abat sur vous, c’est un impact brut, bestial, d’une énergie telle qu’on a l’impression d’être percuté sur tout le corps au même moment, à la fois poussé par le haut et absorbé par le bas.

En surface, c’est un vacarme assourdissant, sous l’eau un grondement sourd.

Plus aucun de vos sens ne vient à notre rescousse, tout, absolument tout est en mouvement dans toutes, absolument toutes les directions.

Je n’avais jamais connu la sensation d’être balayé, rejeté, emporté, sans aucun contrôle sur rien, mon corps encaissant l’énergie tant bien que mal…

Une seule pensée : garder la bouche fermée, un seul réflexe : se protéger la tête.

Le surf c’est un vrai sport, mais apprendre à surfer, c’est une véritable aventure…

J’en suis arrivé à parler avec l’eau, comme ces maîtres d’art martiaux que j’ai vu pratiquer un kata pour invoquer les esprits de la mer avec une énergie quasi surnaturelle… A ce moment, je suis arrivé à la limite de ce que mes mots peuvent décrire en terme d’énergie… peut-être une photo…

Et aussi parce qu’on ne réalise jamais autant l’importance d’une chose que lorsqu’elle disparaît, il y a ces villes comme Jakarta ou Medan, dont l’urbanisation terrifiante n’a pas laissé la moindre place à un espace vert digne de ce nom…

C’est cela l’Indonésie, et bien plus encore…égoïstement, je me souhaite de revenir écrire ici le second chapitre de cette belle rencontre…



Posted on 14th juin, by Sebas in Backpacking SE Asia


Une réponse à “Sumatra ou Java, l’essence des sens”

  1. Gilles dit :

    « Je ne sais toujours pas où passer le reste de mes jours, mais je sais où m’installer pour l’éternité », c’est déjà quelque chose qui n’a pas de prix…
    Haaa, voler… ;-)
    Me croirais-tu si je te disais que cela me manque… ;-)

Laisser un commentaire