Du metro high-tech de Singapour au toit du pick up taxi de Birmanie…


 

10 jours séparaient ces 2 mondes, quelques frontières aussi, des années lumières de développement (économique certes, humain moins évident) et in fine, un point commun : moi.

Il n’y a aucune performance là-derrière et par conséquent, rien de quoi être fier, mais beaucoup de prises de conscience qui méritent d’être couchées sur papier, ou écran pour être à la page…

Le monde est grand, très grand mais c’est surtout la coexistence de multiples mondes qui est frappante.

Petite tentative de mise en perspective…un devoir pour un photographe.

Je discutais avec un jeune bonze de Rangoon, bonze voulant signifier « éduqué », jeune « qui n’a pas sa langue dans sa poche » ! A 19 ans, il me parle des libertés dont il rêve pour lui et les siens, celle de voyager ou de penser. Ceci étant dit, cela ne l’a pas empêché de draguer assez hardiment  mes compagnes d’un jour…

Et je repense à cette Singapour fameuse pour son contrôle exacerbé des faits et gestes de la population, par le biais d’amendes ou de caméras disséminées partout dans la ville.

Ces libertés dont nous jouissons quotidiennement et qui n’ont quasiment presque plus de sens ni de valeur.

Je relis mentalement aussi cette phrase : « Vous avez l’heure, nous avons le temps ». Sur les quais du métro de Singapour, vous pouvez connaître le temps restant avant l’arrivée de la prochaine rame et c’est justement cette connaissance qui stresse. A contrario, de savoir quand le taxi pick up sera prêt à partir n’est juste qu’une question…et le restera jusqu’à ce que ce dernier soit plein. Durée du trajet : évolutive… Je pense à Einstein et sa théorie du temps relatif…

Je revois aussi d’un côté, ces rues pleines de voitures même si la cité économique modèle se targue de garder sous contrôle la croissance de son parc automobile (taxes quand tu nous tiens…) et la capitale Birmane de l’autre, dont les rues ne sont qu’une extension des trottoirs quand ceux-ci existent encore… Au moins une chose qui appartient au peuple Birman…

Je regarde aussi avec un sourire ma soirée de samedi passée dans le quartier « hype » de Singapour, où tout se résumait en partie à chatter le plus bruyamment possible avec son voisin une bière à la main et de préférence une cigarette dans l’autre…le samedi entre 22H et 4H du matin…

Une semaine plus tard, remplacer les bières par du thé, la cigarette par du tabac à chiquer, le quartier par la ville entière et les heures d’ouverture par un cycle complet de lune et vous avez l’équivalent Birman… mais en fin de compte, et fondamentalement, c’est un même besoin de partage qui s’exprime en chemise blanche amidonnée d’une côté ou en sandale de l’autre.

Je viens de refuser pour la « bien trop nombreuse » fois l’aumône à un gosse dans le besoin et repense à ma conversation avec ce taximan qui a bossé durement toute sa vie mais qui doit encore travailler au moins 2 ans pour économiser de quoi partir en Thaïlande terminer ces jours parce qu’à Singapour, c’est impossible…Il y a peut-être un monde parfait, mais je pense que c’est peine perdue de vouloir le trouver à l’extérieur…

Un monde, des mondes et un passager provisoire… quelle chance j’ai.

Qu’est-ce qui aurait changé de mes perceptions si j’avais fait le trajet inverse, Birmanie d’abord, Singapour ensuite. Les faits auraient été sensiblement les mêmes, ma vision certainement pas. Thru my eyes n’a jamais aussi bien porté son nom.



Posted on 12th mai, by Sebas in Backpacking SE Asia


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