Pierres du passe et sourires du futur


Il y a tant à écrire sur le Cambodge car il y a tellement à y vivre …

Souffrir et sourire n’ont jamais été aussi proches dans leur phonétique que dans leur quotidien.

C’est à la fois un pays qui vous déchire le cœur et instantanément pose un sparadrap sur vos douleurs…

C’est malheureusement aussi, d’une certaine manière un pays qui fait du bien à votre karma… de cafés-resto qui supportent la cause des enfants déshérités en leur apportant une formation HORECA aux blind-massages donnés par des aveugles aux mains expertes en passant par des barbecues-spectacles en vue de lever des fonds pour un orphelinat voisin ou la location de « white-bycicles » à 2USD par jour dont 75% vont à une cause de bienfaisance, il n’a jamais été aussi facile de faire un peu de bien autour de soi… mais cela rend compte aussi de la nécessité de la chose.

Le Cambodge est l’un des pays au monde où l’aide internationale est la plus présente mais comme le monde est fait d’équilibre et qu’il n’est rien qui n’aie de contre-partie, il est gravé dans l’esprit des Cambodgiens qu’étranger=riche et que Cambodgien=pauvre… C’est une vision très dichotomique qui laisse peu de place aux nuances.

La liberté dont nous jouissons en Europe elle aussi a un prix, on y pense peut-être pas tous les jours, mais rien n’est gratuit et j’espère que la première génération de cambodgiens qui s’envolera vers les pays dits « développés » aura conscience de cette donne…

A ceux qui liront cet article, si vous voulez faire une cure de sourires et de gentillesse, faites un saut au Cambodge.

Je ne suis pas naïf, ce sourire cache beaucoup de douleurs, comment pourrait-il en être autrement quand on connaît un peu l’histoire de ce pays ? Certes, n’empêche que je veux être indulgent envers moi-même et me dire qu’un sourire est un sourire et qu’un visage qui s’illumine est un peu de bonheur partagé… Entrainez vous avant de venir ici car mes amis d’ici ont quelques années de pratique d’avance…

Une expérience au Cambodge ne peut faire l’impasse sur son passé sanglant. Les Khmers Rouges hanteront pendant longtemps encore les jours et les nuits de ceux qui l’ont vécu… C’était il y a 35ans, entre 1975 et 1978 près de 2.3 millions de Cambodgiens ont été exécuté (les archives utilisent le terme « détruit ») par leurs pairs.

Ce texte a été écrit sur les terres de ce qui est appelé aujourd’hui les « killings fields ». C’est ici, entre autre, à 14km à l’ouest de la capitale que les prisonniers du régime de Pol Pot furent exécutés, au rythme de 300 par mois après avoir été torturé dans des « centres de rééducation » du type S21, école devenue prison du jour au lendemain.

Je laisse à votre discrétion le fait de regarder les photos prises dans l’album KF et S21… Les chiffres sont énormes et les détails font froid dans le dos…

Mais le passé est derrière et le futur quoi qu’incertain leur appartient…

J’ai eu l’immense chance de travailler pour SCAO (http://www.savechildreninasia.org) un orphelinat de 14 kids pendant une petite semaine et partager un peu du quotidien de Phnom Penh.

Ce fût sans conteste la plus belle expérience humaine depuis des années…en même temps que l’une des plus difficile physiquement. 40°C la journée, du riz et des légumes 3 fois par jour avec très peu de viande, poussière et moustiques se font la guerre pour couvrir votre corps, peu ou pas d’intimité, c’est à des lustres de mes standards… Je pensais être baroudeur, des clous ouais…

Ceci étant, une semaine après, je ne peux retenir que ces moments d’intense émotion quand une dizaine de petits bouts vous courent après pendant le « playtime », quand la classe se lève et vous accueille avec un immense « Good morning, Teacher, how are you today ? », quand le premier jour vous faites un « High Five » dans le vide parce qu’aucun ne connaît le signe et qu’une semaine après, au moment des au revoir, quelques uns des plus jeunes s’alignent la main en l’air, et surtout, surtout cette presque imperceptible révérence, les yeux fermés et les mains jointes devant le visage pour vous dire merci… ça, je ne l’oublierai jamais, c’est gravé comme un cadeau dans mon cœur.

Je me le promets, cette expérience ne restera pas sans lendemains et le « Teacher, teacher, how do you spell… » résonnera encore pendant un moment dans ma mémoire.

Merci Cambodge pour tout ce que tu m’a donné autant que pour ce que je peux à présent enterrer, merci…



Posted on 8th avril, by Sebas in Backpacking SE Asia


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