Ma bataille jusqu’a Dien Bien Phu


Le Vietnam se mérite, avais-je lu au hasard de mes recherches … je crois comprendre un peu mieux…

Son La, jusqu’au bout aura essayé de me miner… il pleut toujours ce matin, tant mieux, c’est le signe qu’il faut que j’y aille… faut pas me chercher, Mère Nature… plus c’est dur, mieux j’aime… pas du sado-masochisme, juste un peu plus de hargne face au défi qui se présente…

« Good luck for your trip » on me crie dans le dos ! Pas envie de répondre…

Ca tombe raide, il fait froid, la vitesse aussi relative soit elle, projette les gouttelettes givrées sur le visage…ça pique et ça flagelle…

Le bruit sourd et métallique de la moto me parvient. 180km devant moi, je ne sais pas ce qui m’attend… je m’en fous, j’ai la rage au ventre…toujours vide depuis la veille.

9 heures de matin et pas un chat… je sais : le Têt!

20 minutes, c’est le temps qu’il faut à la nature pour vous mettre à l’épreuve… le terrain grimpe en flèche, et la température descend de même, la pluie redouble, je peux suivre son parcours glacé sur ma peau. Ca n’a pas de sens, je suis emballé dans du plastique, de la tête aux pieds ! Faudrait que je regarde… tant pis, trop tard, je constaterai les dégâts à l’arrivée. Non, je n’abandonnerai pas, non je ne ferai pas demi-tour, non je n’attendrai pas demain…

Le ronronnement imperturbable de la moto rassure, qui l’eût cru, moi qui n’avais qu’une confiance toute relative en la machine au début.

J’arrive aux pieds des montagnes, la vision obscurcie déjà par la pluie perd encore de sa profondeur dans le blizzard. 5 mètres, après c’est blanc. Un blanc lumineux, presque palpable dans lequel je m’enfonce.

Il s’ouvre au dernier moment et se referme immédiatement, inexorablement. Tu disparais simplement… C’est flippant, à vrai dire, tout fout la trouille ce matin…même moi je me fous la trouille…

Se centrer sur soi-même, penser à autre chose, surtout garder l’esprit occupé pour ne pas réaliser le froid qui mord et la pluie qui a commencé son travail de sape.

Baisser les épaules, relâcher un peu les muscles du dos sous peine de rajouter des crampes au mal du moment… Contracter les abdos pour prétendre faire un peu d’exercices… C’est physique en même temps que psychologique…

Chaleur, sourire, souvenirs, projets futurs, projets arrêtés, demandes de pardon, tout y passe. Mes amis, je n’ai jamais autant pensé à vous qu’ici !

Je ne sais pas depuis combien de temps ça dure, pire, combien de temps ça va encore durer ! Comment distiller ses forces dans ces conditions?

Chanter, étape suivante quand tous les souvenirs ont été recyclés dans la tête… L’air, je m’en fous, le but est juste de ne pas réaliser.

Et toujours cette montée qui n’en finit pas…c’est lent, c’est long, je compte les portions de ligne blanche qui se succèdent… pourquoi j’ai voulu ça d’abord ? Je m’en rappelle plus… D’ailleurs, j’étais pas au courant que ce serait comme ça…

Put… de clébard errant, il ne m’a pas vu arriver, j’ai 3 mètres pour l’éviter…le plus large possible dès fois qu’il se mette à paniquer et à courir dans la mauvaise direction.

Pas d’accident ici, pas d’accident ici, pas d’accident ici…

Ca y est, le moteur s’emballe, c’est bon signe, je passe une vitesse…erreur, c’était une feinte de Mère Nature, encore elle. Je viens de croiser un panneau qui disait « 10% »…

J’suis pas encore au bout…

 



Posted on 20th février, by Sebas in Backpacking SE Asia


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